Il faut bien commencer par quelque chose. Alors retour vers le passé, en août 2012.
Pour la deuxième année consécutive, je suis parti avec mes acolytes habituels de la roche revêche et de la pente raide. Même rituel que l'an dernier, je démarre (en retard comme il se doit) et récupère chaque membre du voyage. L'ambiance y est. Le repas et l'accueil au-dessus de Serre-Ponçon, toujours aussi chaleureux. Après être parti au Mont Viso l'an dernier, nous voilà cette fois vers le Mont Thabor.
Encore quelques virages et quelques bus, puis le voyage à pied commence. Sous la pluie. Ça promet. D'autres randonneurs finissant leur périple nous souhaitent bien du courage avec le temps qui s'annonce... Mais on a la pêche et le sac lourd alors pas de temps pour lambiner !
Après les premières heures de marche qui décrassent bronches et mollets, nous cherchons un lieu pour planter la tente. Au bord d'un lac, la lumière tombe et un gros nuage vient nous entourer... Et le lendemain, il est toujours là et nous offre la chance de vivre une marche à l'intérieur du cumulus, de sa pluie et... de sa grêle. La foudre s'abat non loin. Vincent propose alors qu'on s'écarte tous de 50 mètres pour éviter d'être tous foudroyés si l'un d'entre nous goûte à un éclair. Mais rien de grave ne se produit et le soleil vient même nous faire une petite visite le temps de se roborrer nos "lentilles cuisinées" froides ou chaudes selon la préférence.
| On arrive finalement au-dessus de la station de Valmeinier. |
Et après avoir relativement bien dormi pour une nuit sous tente avec du vent et beaucoup d'appréhensions quand à la météo nocturne, nous avons vécu la plus pénible des journées de marche du séjour. Mais ce n'en est que plus honorable. D'ailleurs, la fatigue et le temps ne nous ont pas permis d'avoir une réelle trace de ce passage. En fait, nous avons gravi un col très abrupt avec le vent et la pluie qui pénétrait nos habits et nos sacs. Le doute nous gagnait quand en haut de la crête, un randonneur avisé et louable nous a fait partager un peu de son café chaud. Ce fut une réelle joie d'avoir un peu de sympathie et de caféine alors que le moral était plutôt à plat.
Mais le réel démon réside en bas de ce col. Dans un refuge. Oui car espérant encore un peu de chaleur humaine, nous ne nous attendîmes pas à ce que l'intendant de la bâtisse ne nous laisse pas entrer alors que la pluie battait sur nous. Voyant le poulailler à côté, l'idée de s'y mettre à l’abri nous traversa l'esprit. Finalement, une dame fit un jet de persuasion critique sur le bourreau, qui nous laissa prendre un café dedans, et nous insinua que l'on pouvait partir dans la minute où le soleil revint. Nos affaires séchées sur des roches encore humides, l'installation au lac le plus proche fut rapide. Et pas de trace de salamandre (j'espérais trouver la mystérieuse Salamandre de Lanza Salamandra lanza qu'au Mont Viso je n'avais déjà pas trouvé), seulement quelques oiseaux tel que l'accenteur alpin Prunella collaris et des chocards à bec jaune Pyrrhocorax graculus.
Le quatrième jour, la marche fut bien plus facile et entretemps les papillons et quelques criquets et guêpes se laissèrent observer.
| La petite Tortue Aglais urticae |
| Guêpe de la famille des Tenthredinidae du genre Allantus. Peut-être Allantus cinctus ? |
Mais c'était trop beau. Le mauvais oeil était sur nous et alors que deux d'entre nous gravissaient le Mont Thabor, je végétais avec mon partenaire de sentiers montagnards. Sereins, nous avions un point de rendez-vous et pensions y être... Une (toute petite) mauvaise interprétation de la carte et voilà qu'il nous manquait deux heures de marche à faire alors que le soleil s’effaçait derrière les sommets !!! Finalement, utilisant une réserve d'énergie encore insoupçonnée, le dénivelé restant fut avalé par des semelles avides d'expliquer leurs mésaventures à d'autres semelles usées par leur ascension.
| On aperçoit le Mont Thabor avec, sur ses flancs pierreux, un peu de glace. |
La tente plantée pour la dernière fois et le repas englouti, nous nous endormîmes pour la seule fois du séjour dans l'ombre du Mont Thabor.
Un ultime col, puis c'est la descente progressive vers la civilisation. Les pelouses alpines disparaissent et on retombe dans une strate plus arborée. Dans des résineux, j'observe des mésanges nonnettes Poecile palustris et huppées Lophophanes cristatus peu farouches.
La voiture nous attend et le voyage prend fin alors que j'apprends que je suis pris en Master GEMA à Marseille.
Quelle belle conclusion !
1 commentaire:
Fus, Roh Da !
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