Voilà un nouvel article sur un sujet qui me tient vraiment à cœur, à savoir les mantes. Et je ne parlerai pas ici que des mantes religieuses Mantis religiosa, je traiterai plutôt de l'Ordre des mantodés ou mantodae. Pour plus de lisibilité, je utiliserai simplement le terme "mante" pour caractériser l'Ordre.
Depuis que je suis tout petit je suis scotché par ces insectes. Sûrement parce qu'ils me faisaient très peur, j'en attrapais avec beaucoup de précaution sans les toucher au début, puis avec le temps, il m'est arrivé d'en avoir les mains remplies, chaque mante entravée entre mes phalanges (je ne dévoilerai pas ici mes coin à mantes, c'est comme les champignons, pas touche ! chacun les siens).
Évidemment, dans ma région, la plus commune des mantes est la mante religieuse Mantis religiosa. J'en ai vu et pris des tonnes mais photographié très peu. Il y a quand même l'expérience du terrain et des heures d'observation, et ça, je peux en parler. Tout d'abord commençons par casser les idées reçues, et prêchons la bonne parole pour l'animal auquel je voue un culte (ou presque) : la mante religieuse donc.
Eh bien, chères et chers lecteurs, sachez que NON la mante religieuse n'est pas un danger pour l'homme (ou la femme), dites lui bonjour si vous la croisez et elle fera une simple prière à votre passage. Donc vous pouvez arrêter, entomophobe de tout poils, de crier, et d'effrayer vos enfants en médisant sur le pieux insecte immobile et paisible. Si vous croisez une mante dans votre périmètre vital ne l'écrasez pas et ne vous vantez pas de votre "exploit". [ Ça vaut aussi pour les autres animaux, notamment les serpents ! ! Compris ! ? ]
Ensuite, la femelle, lors de l'accouplement, ne mange pas toujours son mari (même s'il est dans le péché à ce moment là, l'hérétique). On voit bien souvent des images dans des reportages animaliers de femelles prises d'une fringale se farcissant la tête de leur amant. En effet, ça arrive dans la nature mais sachez que certain films sont fait dans des vivariums qui poussent donc les animaux à se nourrir avec ce qu'ils ont sous les pattes. La dépense en énergie lors de la copulation est très importante, il est donc important que la femelle trouve de l'énergie pour survivre à l'acte et pouvoir pondre plus tard. Et coincé dans une boîte, le mâle est pris au piège. Notez tout de même que ces insectes ne passent pas l'hiver. Alors s'il y a un peu de cannibalisme conjugal c'est pas si grave si c'est pour le bien de l'espèce, non?
Et de quelle couleur est une mante religieuse ? Généralement verte, mais, dans nos régions méditerranéennes où l'herbe est sèche en été, certaines survivent mieux avec une coloration marron foncée ou presque jaune. Il y a d'ailleurs dans les Alpilles un nombre plutôt élevé d'individus bruns.
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| Mante religieuse Mantis religiosa en mue. |
La mante ocellée Iris oratoria ressemble beaucoup à la mante religieuse. Elle est cependant plus petite et les ailes de la femelles n'arrivent pas jusqu'au bout de l'abdomen. Cette mante joue plus sur le côté intimidation que ses cousines. En effet, lorsqu'elle est en danger elle ouvre ses ailes et dévoile l'intérieur de ses pattes ravisseuses. Il apparaît alors des motifs en forme d'ocelles, assimilables à des yeux écarquillés, ainsi que des pointillés blancs et noirs encadrés des taches vives. Cela suffit, le plus souvent, à faire peur à un éventuel prédateur. Sa ponte, ou oothèque, n'a pas non plus le style spongieux de celle de la mante religieuse mais typiquement celle d'un... Toblerone !
L'une des mantes propres aux régions méditerranéennes est l'empuse Empusa sp. qui se divise en deux espèces fasciata et pennata. Celle que l'on rencontre dans le midi est la seconde : l'empuse ou diablotin ; l'autre vit aussi dans le même climat mais son aire de répartition va de l'Italie jusqu'en Ukraine. L'empuse ou diablotin est très dépendante des milieux secs donc se retrouve en garrigue principalement ou dans les pelouses sèches. La mante religieuse, étant assez généraliste, rentre souvent en compétition avec l'empuse. Cet effet s'accentue avec le morcèlement des espaces naturels et l'urbanisation. Les habitats de prédilection de l'empuse diminuent et s'éloignent tandis que la mante religieuse gagne les terres ainsi délaissées tout en excerçant une pression de prédation sur les milieux où l'empuse chasse. Bref, cette espèce est emblématique de la partie méridionale de la France et parmi les surnoms qu'on lui donne, l'extension diablotin "de Provence" est courante dans la littérature naturaliste.
Je n'ai vu cette espèce qu'autour de chez moi et plus récemment lors d'un voyage d'étude avec mon master à Barcelonnette, j'ai également pu trouver plusieurs individus à Sisteron. Pas plus haut.
Si la mante la plus commune est "religieuse", l'autre typique du sud est une envoyé du diable. Pourquoi ?
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| Empuse Empusa pennata en stade larvaire. |
Dans les régions désertiques d'Aragon, il y a aussi des mantes. On pourrait s'attendre à retrouver l'empuse dans des contrées si chaudes l'été. Mais c'est sans compter sur le climat continental qui refroidit fortement le piémont pyrénéen ibérique quand vient l'hiver. Dans la partie la plus désertique, en fouillant dans quelques buissons, j'ai trouvé des ameles decolor et ameles spallanzania. Ce sont de toutes petites mantes (moins de 3 cm) de couleur sable ou grise. La taille s'explique sûrement à cause des périodes froides qui donnent plus de chances aux petits individus (animaux comme plantes) de survivre vu que la dépense d’énergie est plus faible. Moins à chauffer et moins à nourrir.
Plus au sud, en Tunisie, j'ai fait encore de belles rencontres. Durant mon voyage scolaire de BTS GPN GEN, nous avons visité beaucoup de milieux -parfois marquants car ils avaient bien des similitudes avec notre midi ou au contraire presque surréaliste comme les oasis-. Pour le coup, près d'un ciste de Montpellier Cistus monspeliensis, une mante tentait d'échapper à la horde de chaussures d'étudiants qui divaguait dans la colline. Pour ce qui est de la déterminer, je suis toujours incrédule et je penche encore pour le genre ameles mais quelle espèce exactement ? J'ai bien deux ou trois personnes qui sont susceptibles de savoir. La suite dans un prochain épisode !
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| Une mante floue sur des ongles sales |
| Détail dorsale de l' ameles sp. sur des doigts toujours aussi sales. |
Pour finir, sachez que toutes les espèces citées plus haut peuvent se rencontrer sur le pourtour méditerranéen de la France, je n'ai fait que trouver ces espèces dans des habitats qui leurs étaient favorables.
Il me reste encore beaucoup de mantes à voir mais si je devais donner une priorité ce serait pour une mante qui vit loin d'ici. Je l'ai découverte dans un grand livre sur les animaux quand j'étais petit et elle s'appelait "mante de Ceylan". Et en faisant quelques recherches, j'ai découvert que cette mante, au doux nom scientifique de Deroplatys desiccata, ne se trouve pas seulement à Ceylan (aujourd'hui Sri lanka) mais aussi sur des îles appartenant à la Malaisie. Mais la Malaisie c'est loin. Allez, je tente le voyage dans les mois qui viennent! En plus, on dit même qu'il y a des araignées hyper rares là-bas !
PS : Désolé pour la qualité des photos. C'est du travail d'amateur. Bientôt, de nouvelles photos avec cette fois je l'espère, plus de qualité !



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